Histoire, économie & société (2/2010)
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La campagne de 1706 en Italie représente un revers complètement inattendu pour les armées de Louis XIV et de Philippe V : alors que les Franco-espagnols sont maîtres de toutes les places de Lombardie et de Piémont, à l’exception de Turin qu’ils assiègent, ils n’arrivent pas à empêcher l’armée du prince Eugène, réfugiée au nord-est de la Péninsule, de traverser toute l’Italie du nord pour venir libérer la capitale savoyarde. Les forces françaises elles-mêmes sont rejetées hors d’Italie. Cet article étudie la campagne de 1706 en s’intéressant principalement aux échecs du haut commandement français. L’analyse des processus de prise de décision à la tête d’une armée dévoile les lignes de commandement réelles, qui viennent doubler, renforcer ou neutraliser les relations hiérarchiques théoriques. Le rôle de la Cour apparaît en définitive relativement limité. Le problème réside plutôt dans l’existence de rivalités entre les différents chefs d’armée, ou entre les généraux et leurs subordonnés. Par ailleurs, les intérêts personnels des gradés – la recherche de la gloire, de l’avancement ou de l’enrichissement personnel – prirent souvent le pas sur les exigences militaires.
The armies of Louis XIV and Philippe V suffered during the 1706 Italian campaign a totally unexpected defeat. Whereas Franco-Spaniards ruled almost all major fortified towns in Piedmont and Lombardy, they did not manage to prevent Prince Eugene army, starting from the north-east of the Peninsula, from travelling through northern Italy and liberating the Savoyard capital. French forces were driven back from Italy. This paper studies the 1706 campaign, focusing on the French high command failures. Real command lines, that may reinforce or neutralise hierarchical command lines, are identified through an analysis of the decision-making processes. On one hand, the importance of the Court at Versailles should not be overestimated. On the other hand, rivalries between different military rulers, or between a general and his subordinates, appeared to be more critical. At least,officers often favoured their own interests – glory, promotion, or personal wealth – in spite of the achievement of military goals.