Histoire, économie & société (3/2014)
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À force de mettre l’accent sur le cosmopolitisme et l’universalisme de la rhétorique développée par les grandes figures de la Constituante, nombre d’historiens ont fini par conclure qu’il avait fallu attendre l’entrée en guerre et les débuts de la Terreur pour voir la Révolution française accoucher d’un discours ouvertement xénophobe. Le traitement réservé, entre 1789 et 1791, aux dizaines de milliers d’étrangers servant dans les troupes royales fait découvrir une tout autre histoire. Dès les commencements de la Révolution, des responsables politiques comme des individus ordinaires ont manifesté une profonde hostilité à la présence de régiments étrangers au sein de l’armée française, en dépit du fait que bien des soldats issus de ces unités aient professé voire manifesté leur loyauté à l’égard du nouveau régime. En définitive, le sort fait à ces troupes révèle que, dès la France de la Constituante, un nationalisme xénophobe est en germe.
Most historians, emphasizing the cosmopolitan and universalist rhetoric of French leaders during the period of the Constituent Assembly, have concluded that overt xenophobia did not emerge in revolutionary France until after the declaration of foreign war and the beginning of the Reign of Terror. The treatment between 1789 and 1791 of the tens of thousands of foreigners serving in the French military, however, tells a different story. From the first moments of the Revolution, government officials and ordinary people alike exhibited profound opposition to the presence of foreign troops in the French armed forces, despite the loyalty to the Revolution that many foreign soldiers professed and demonstrated. The experiences of these troops thus reveal the kernel of nationalist xenophobia present in France under the Constituent.