
Histoire, économie & société (4/2013)
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À partir de l’analyse d’un corpus d’écrits informels produit par la police de Buenos Aires tout au long du XXe siècle, ce travail analyse la célébration paradoxale d’éléments de la culture populaire, qui constituent, en même temps, un objet de surveillance. La glorification de l’expérience de la rue comme critère de distinction explique, dans un premier temps, le prestige acquis par les savoirs sur le monde « réel ». Ensuite, en prenant l’exemple du tango et du lunfardo, cette étude montre que, pour être efficaces, les langages de la police ont besoin d’établir un lien explicite avec les répertoires associés au monde populaire. Ce lien est obtenu grâce à l’appropriation d’une sélection d’éléments culturels compatibles avec l’univers symbolique policier.
Based on a large body of informal writing produced by the Buenos Aires Police over the course of the XXth century, this article analyzes the paradoxical celebration of elements from the same popular culture the police is supposed to control. The glorification of street experience as a chief criterion of distinction seems to explain, on the one hand, the prestige of police knowledge about the “real” world. The observation of the uses of tango and lunfardo in police writing suggests that, in order to be persuasive, police languages need to establish an explicit connection with cultural repertoires considered “popular”. This is achieved through the careful selection of elements that are compatible with the police symbolic world.

