En dépit de la popularité rencontrée par le concept d’auto-organisation depuis les années 1970 aussi bien en physique, en biologie qu’en sociologie, bien peu d’attention a été portée sur ce qui distingue l’auto-organisation de l’auto-création. La philosophie des processus élaborée par Alfred North Whitehead jette les bases des théories de l’auto-création en établissant une critique radicale de l’idéal évolutionniste encore effectif dans les théories de l’auto-organisation. Après avoir mis en évidence quelques caractéristiques de la philosophie des processus, les motifs de l’exclusion par Whitehead de différentes doctrines évolutionnistes (évolutionnisme émergent, cosmologique et mutationniste) seront analysés. Nous montrerons finalement de quelle manière le principe d’individuation intensive défendu par Gilles Deleuze de même que le système auto-poiétique du vivant développé par Francisco Varela poursuivent le geste whiteheadien en pensant le devenir non progressif et multisériel des unités vivantes situées dans un univers chaosmique ou semi-organisé.