
Romantisme n° 140 (2/2008)
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Verlaine a longtemps été considéré comme un poète en marge de l’Histoire. Il est vrai qu’il n’a pas manqué de critiquer les attitudes doctrinaires conduisant à sacrifier l’exigence artistique au nom des idéologies. Pour autant son oeuvre est loin de reposer sur une poétique du désengagement. Nombre de ses premiers vers articulent des ambitions esthétiques et éthiques sous le signe de la révolte. Ses monstres allégoriques témoignent par exemple d’une réappropriation de la caricature antibonapartiste. En ancrant ces figures dans des cadres circonstanciels tendant à l’indétermination, Verlaine se montre soucieux d’universaliser la dénonciation de la tyrannie. Et surtout il use des ressources du langage poétique pour conférer un pouvoir suggestif aux motifs tératologiques. Il inscrit ainsi la révolte au coeur même du processus créatif.
It was long thought that Verlaine was a poet indifferent to History. It is true that he readily criticised dogmatic attitudes that meant sacrificing artistic quality in the name of ideologies. However, his works are far from being apolitical. Many of his early poems give expression to aesthetic and ethical rebellion. His allegorical monsters show how he reshaped the techniques used by caricaturists against Napoleon III. These figures are provided with a deliberately ill-defined background: Verlaine’s aim is also to denounce tyranny on a universal level. Above all, he uses the resources of poetic language to give suggestive power to these teratological motifs, thus inscribing revolt in the very heart of the creative process.

