Romantisme n° 142 (4/2008)
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Si le pathétique est peu théorisé dans l’oeuvre de Hugo, l’élaboration d’une morale de la pitié fait en revanche l’objet d’une intense et permanente réflexion. Et cela surtout à partir du moment où se découvre à Hugo, comme à tant d’autres hommes de sa génération, la nécessité de traiter la question sociale, soit d’interroger la société et l’Humanité à partir de l’expérience subjective de la pitié, et en mettant au centre de cette interrogation ces êtres-frontières que sont les misérables, les monstres et les animaux. La pitié n’a de sens qu’à être immense. Hugo sait aussi que la pitié peut être fallacieuse, ou dangereuse, et que l’injonction à commencer par l’immense pitié ne doit pas seulement procéder de l’imagination poétique, mais de l’action pratique. Pour preuve, le combat mené à la fin de sa vie en vue de l’amnistie des Communards.
If Hugo does not formulate a theory of pathos in his work, the moral of compassion and pity has been submitted by him to intense and permanent reflexion, in particular when the poet discovers, like so many of his contemporaries, the necessity of addressing the social question ; it is thanks to the subjective, personal experience of pity that one is able to relate to society and humanity, when one puts at the center of attention forgotten and despised creatures such as the “miserables”, the monsters and the animals. But pity is only valid when “immense” and allencompassing. On the other hand, Hugo knows that pity can be dangerous and fallacious and that the imperative of pity first is not limited to the poetic imagination and concerns pratical action as well. The struggle in favour of the amnesty for the former Communards illustrates that point.