Romantisme n° 149 (3/2010)
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Au XIXe siècle, en Europe comme aux États-Unis, les États n’ont pas cessé de lancer des enquêtes destinées à les renseigner sur la situation des territoires et des populations dont ils avaient la charge. La modernisation des opérations statistiques traditionnelles, comme par exemple le recensement, et l’élargissement du spectre des curiosités étatiques, qui s’étendent désormais à des objets inédits comme le crime, l’hygiène publique, l’opinion ou encore les questions du travail, participent bien d’une « ère de l’enthousiasme statistique » dont les traits spécifiques varient selon les pays. Dans cet article, il s’agit surtout de montrer comment cette pratique intensive des enquêtes en vient à donner forme à l’État au cours du XIXe siècle dans un contexte plus ou moins affirmé de démocratisation qui bouleverse les pratiques et les enjeux traditionnels de la statistique. Les formes de l’autorité de l’État et ses relations avec la population s’en trouvent modifiées, sinon bouleversées.
During the nineteenth century, in Europe and in the United States, nations constantly launched surveys in order to be informed about the situation of the territories and the populations they ruled. In this “era of statistical enthousiasm”, two important processes took place : first the modernisation of the traditional part of statistics, like the census for instance, and second the invention of new “statistical” objects : numbers of crimes, public health, opinion(s) and work issues. States’curiosities seemed thus to widen without ending. This essay shows how the proliferation of so many different surveys gave a new identity to the nineteenth century States in a time of democratisation and national aspirations. Through this practise indeed, States’authority and relationships with societies came to know important changes.