
Romantisme n° 149 (3/2010)
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En prenant comme point de départ l’enquête cartographique du détective dans Monsieur Lecoq (1868) d’Émile Gaboriau, cet article propose de considérer le terrain vague comme espace fondateur de l’imaginaire du roman policier moderne. Espace à la fois social, aux frontières de l’urbanisation du Second Empire, et symbolique, en tant que page blanche sur laquelle s’inscrit le crime, le terrain vague de Gaboriau signale une tension entre la violence urbaine et la pulsion de maîtrise cartographique, rationnelle et judiciaire. Il dévoile ainsi une ambivalence pérenne chez le genre policier entre l’histoire et la forme, tout en anticipant les romans de banlieue du XXe siècle.
In Émile Gaboriau’s 1868 Monsieur Lecoq, the titular detective turns to contemporary cartographic techniques for his investigation of a triple murder at the outskirts of Second Empire Paris. This essay analyses the novel’s reproduced crime scene map in order to propose the terrain vague as a foundational site in the spatial imaginary of the detective novel genre. Functioning historically as a liminal area for urban renewal and symbolically as a blank page onto which violence gets inscribed, Gaboriau’s terrain vague registers a tension between criminal violence and the desire for cartographic, rational, and judicial mastery. It both reveals an enduring generic ambivalence between history and form and sets the stage for twentieth-century banlieue crime fictions.

