
Romantisme n° 157 (3/2012)
Numéro épuisé
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Du goût de Baudelaire pour la mystification, on propose de revenir ici sur l’exemple offert par « La corde », ce poème du Spleen de Paris qu’inspira le suicide du jeune modèle de Manet mais que le poète transforma en une énigme mettant à l’épreuve la sagacité du lecteur. L’analyse s’emploie d’abord à reconstituer la causalité des événements dissimulée dans le récit, laquelle révèle dans le suicide de l’enfant recueilli par le peintre un drame du saturnisme. Cette interprétation autorise-t-elle une lecture référentielle du poème ? Si l’étude confirme, au travers d’allusions restées jusqu’ici inaperçues, l’identification du peintre de « La corde » à Édouard Manet, on verra que Baudelaire a par ailleurs inventé un certain nombre de détails qui imposent de lire ce poème comme une curieuse variation du jeu des proverbes.
We propose here to turn back to Baudelaire’s taste for mystification through “La Corde” « The Rope », a poem from Paris Spleen which took its inspiration from the suicide of a young model of Manet’s, which the poet turned into an enigma testing the reader’s shrewdness. Our analysis first reconstructs the causal sequence of events imbedded in the story line, which reveals the child’s suicide to have been a drama of lead poisoning. Does this interpretation allow for a referential reading of the poem? If the study confirms, through allusions unexplained until today, the identity of the painter in “La Corde” as Manet’s, it is nonetheless clear that the invention by Baudelaire of a number of specific details makes of the poem a bizarre play on the game of proverbs.

