LANGAGES Nº 223 (3/2021)
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Nous montrons l’apport de la linguistique expérimentale pour une perspective comparative plus fine sur les phrases elliptiques, au-delà des jugements obtenus par l’introspection des linguistes. L’appel à des tâches de jugement d’acceptabilité dans plusieurs langues romanes indique que la contrainte syntaxique de non-enchâssement de l’ellipse verbale (gapping) n’est pas stricte ni universelle : certaines langues admettent le gapping enchâssé sous certains types de prédicats (le roumain et l’espagnol), alors que d’autres beaucoup moins (le français). Crucialement, dans toutes ces langues, malgré la variation, l’enchâssement donne lieu à une gradience dans les jugements, en fonction de la classe sémantique des verbes principaux : les non factifs enchâssent mieux que les semi-factifs et les semi-factifs mieux que les vrais factifs.
We show how an experimental approach obtains more fine-grained insight into ellipsis phenomena, beyond the limited data obtained through introspection. The use of a series of acceptability judgment tasks in several Romance languages has shown that the syntactic constraint on embedded gapping is neither strong nor universal: Embedded gapping is acceptable with certain types of predicates in some languages (Romanian and Spanish), while less so in others (French). Crucially, despite this variation, in all these languages, embedding gapping gives rise to a gradience in the acceptability judgments, according to the semantic class of the embedding verbs: non-factive embed better than semi-factives, and these, in turn, better than true factives.