Littérature n° 153 (1/2009)
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L’idée que les célèbres Histoires ou contes du temps passé de Charles Perrault auraient puisé leur matière dans des traditions « populaires et autochtones » pour promouvoir un héritage « gaulois » contre l’héritage antique se trouve encore solidement ancrée dans l’opinion commune. Cette étude s’attache à montrer qu’ils sont, tout au contraire, nés d’un dialogue complexe avec les textes de la culture antique dont les Métamorphoses d’Apulée et le conte ancien de Psyché. Par l’exemple de La Barbe bleue, l’article met en évidence que ce jeu intertextuel comporte aussi un débat important sur les genres anciens et modernes. Une analyse comparative à trois termes montre que le célèbre récit ne répond pas seulement à la fabella d’Apulée, mais aussi, et en même temps, au roman de La Fontaine Les Amours de Psiché et de Cupidon. Le conte moderne ne se construit pas seulement à partir d’une histoire du temps passé que Perrault dote d’une morale « utile », mais aussi en réponse à ce que La Fontaine appelle le conte galant.
The idea that Perrault’s famous Histoires ou contes du temps passé — his fairy tales — looked for their content to “popular and autochthonous” traditions in order to promote a “gallic” heritage as opposed to an “antique” one is still solidly anchored in public opinion. They were born, on the contrary, of a complex dialogue with the texts of antiquity, among them Apuleius’ Metamorphoses and the ancient story of Psyche. The example of “Blue-Beard” shows that this intertextuality also carries the traces of an important debate concerning old and modern genres: a three-way comparison shows that the famous tale is not only an answer to Apuleius’ fabella, but to La Fontaine’s Amours de Psiché et de Cupidon. The modern tale did not arise only in contrast to a story from times past or conte du temps passé to which Perrault added a “useful” morality, but also as a response to what La Fontaine called the conte galant, or tale of love and gallantry.