Littérature nº196 (4/2019)
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Quels codes donner à une langue que l’on considère comme jeune et dénuée de toute forme de régulation autre que l’usage ? C’est à cette question que tente de répondre Pietro Bembo par une solution aussi radicale que « canonique ». Pour le patricien vénitien, écrire en langue vulgaire commune implique désormais de suivre strictement deux modèles uniques, et des modèles strictement « auctoriaux » : Pétrarque pour la poésie et Boccace pour la prose. Cette contribution tente de montrer quelles sont les implications de ce choix bien connu sur l’histoire de la littérature italienne, mais aussi et surtout sur la conception de l’Histoire tout court. Ce faisant, elle met en évidence comment s’élabore une histoire pacifiée alternative à l’histoire belliqueuse du temps présent qui bouleverse l’Italie du début du xvie siècle.
What codes are to be confered to a language considered as young and deprived of any form of regulation other than use ? The question is tentatively answered by Pietro Bembo in a radical as well as a « canonical » way. For the Venetian patrician, writing in vernacular will mean following up strictly two unique models, two strictly « auctorial » models : Petrarch for poetry, Boccacio for prose. This article tries to shed light on the consequences on Italian literature of this well-known choice, but also and above all on the conception of History at all. This contribution thus reveals how a peaceful history is elaborated as an alternative to the warmongering history of a turmoiled Italy at the beginning of the 16th century.