Littérature nº197 (1/2020)
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Cuisiner, écrire montrent une même transformation de matière, semblent dire les romans de M. Desbiolles dont certains titres témoignent d’une référence fascinée à la nourriture. Si son style est au service d’une langue qui donne à lire la charge érotique et la force évocatrice desmots triturés,malaxés comme le sont les aliments avant d’être goûtés, il s’agit aussi pour Desbiolles de montrer les lois secrètes qui unissent la peinture et la nourriture, comme le signale son usage du mot italien, tavola, à la fois table et support de tableau. Toute cérémonie de table est aussi un moment de « communion ». De tablées en tableaux, de nappes en draps blancs, ce sont les lois secrètes de la transsubstantiation et de la passion christique, les lois mystérieuses de l’art et de l’imaginaire qu’aborde l’écrivain, dans une langue dont la tension naît de la passion absorbante pour ce qui est regardé, et de la rêverie que suggère ce qui est ainsi regardé.
Cooking, writing show a similar transformation of matter, seem to say Maryline Desbiolles’s novels the titles of which display a fascinated reference to food. If her style is devoted to a language which proposes to reading the erotic charge and the evocative strength of kneaded, ground words, as aliments are before being tasted, Desbiolles has to show also the secret laws uniting painting and food, as her use of the Italian word tavola, both table and picture stand. Any table ceremony is also a moment of “communion”. From tables to pictures, from napkins to white sheets there are the secret laws of transubstantiation and of the passion of Christ, the mysterious laws of art and of the imaginary which the writer approaches in a language the tension of which is born from the absorbing passion for what is looked at, and from the reverie which what is thus looked at suggests.