Littérature Nº198 (2/2020)
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L’article s’intéresse au récit matérialiste de l’écriture comme production de la terreur et terreur de la production. En 1893, Camille Lemonnier est traduit en justice pour « L’homme qui tue les femmes », une nouvelle sanglante parue quelques années plus tôt dans Le Gil Blas, dans laquelle il narre « les actes d’un maniaque, invinciblement poussé par sa manie à tuer les femmes publiques qui se donnent à lui ». L’autopsie du texte montre qu’il y fait en réalité le récit circonstancié du geste esthétique que constitue l’écriture littéraire, analogue au geste féminicide de Jack l’éventreur. Écrire, c’est toujours dépecer.
The article focuses on the materialistic narrative of writing as production of terror and terror of production. In 1893, Camille Lemonnier is brought before the court for « L’Homme qui tue les femmes », a bloody short story published some years earlier in Le Gil Blas, in which he tells of « the acts of a maniac, relentlessly pushed by his mania to kill the public women who give themselves to him ». The autopsy of the text shows in fact that he proposes the detailed narrative of the aesthetic gesture which literary writing constitutes, analogous with Jack the Ripper’s woman-killing gesture. Writing always pertains to dismembering.