Littérature Nº198 (2/2020)
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Il n’est que d’ouvrir un livre de Paul Morand pour être aussitôt plongé dans un déluge de sons épouvantablement discordants. Cet auteur en effet va droit là où le monde craque, là où il explose sous l’effet notamment de révolutions et de contre-révolutions. Morand cependant donne à ces scènes d’extrême violence un tour étonnamment drolatique. Il est comme le spectateur amusé d’un petit théâtre où les dictateurs les plus féroces ressemblent à des enfants déchaînés. On se demandera s’il s’agit ainsi de déréaliser l’Histoire des hommes (une Histoire à laquelle il a lui-même parfois été directement mêlé) ou alors de faire sa part, comme on fait la part du feu, à ce que l’enfance, selon lui, a toujours d’inhumain.
Opening a book by Paul Morand will just at once plunge you into a flood of horribly discordant sounds. This writer, indeed, goes straight where the world cracks, where it explodes under the bouts of, notably, revolutions and counter-revolutions. However Morand confers an eminently droll character on these extremely violent scenes. He is as the amused spectator of a little theatre where the most ferocious dictators look like children gone wild. We shall question if it is a matter here of derealizing the History of men (a History in which he sometimes was directly involved) or then of taking one’s cut, as one cuts one’s losses, in what childhood, according to him, always partakes of the inhuman.