LITTÉRATURE Nº206 (2/2022)
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L’étude s’emploie à montrer que l’univers naturaliste d’Écrire la vie et sa vision désenchantée du monde sont incompatibles avec le romanesque comme univers et comme registre. Fondée sur un pacte non fictionnel et une écriture de la consignation, l’oeuvre se signale en effet par son hostilité de principe au romanesque, refusant toute transfiguration de l’expérience, a fortiori toute sublimation. Cependant, loin d’être une représentation objective de la vie, ce prosaïsme et cette désublimation radicale procèdent d’une stylisation négative et d’un choix esthétique, celui du noircissement. Aussi cette tonalisation, en tant qu’elle configure l’expérience – dans le sens de l’abjection –, est-elle en définitive une concession au romanesque, au plan de la composition.
This study purports to show that the naturalistic universe of Écrire la vie and its disenchanted world vision are incompatible with the romantic as universe and as style. Based on a nonfictional pact and a writing as recording, the work, indeed, eminently puts forth its hostility in principle to the romantic, objecting to any transfiguration of experience, themore so to any sublimation. However, far from being an objective representation of life, this prosaic view and this radical desublimation proceed from a negative stylization and from an aesthetic choice : that of darkening. Also, this tonalization, in as much as it shapes experience—in the sense of abjection – eventually is a concession made to the romantic, as regards composition.