Romantisme N°200 (2/2023)
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La chanson populaire et la chanson politique sont souvent présentées comme deux catégories distinctes et autonomes. Cependant, à la fin du XIXe siècle, des rencontres fécondes peuvent se produire entre la culture politique et la pratique chantée du peuple : c’est le cas dans la métropole lilloise dans les années 1890. À la faveur de la conquête politique de Roubaix par les guesdistes, se met en place une propagande en chansons originale, qui réoriente et réinvente des modes de sociabilités antérieures. Alors qu’au niveau national, les socialistes utilisent des chansons en français pour diffuser leurs idées, commémorer la Révolution, soutenir les grèves, localement, on recourt à des chansons en patois de Lille pour s’adresser au peuple dans sa langue, pour resserrer les liens entre les représentants ouvriers et leurs camarades anonymes, pour animer les fêtes desMaisons du peuple et des coopératives. L’article s’intéresse aux différents aspects de cette production chansonnière, dont il examine les modes de diffusion – acteurs, lieux, supports, types d’interprétation, réception.
The criminal lament or ballad, given the ease with which, with its excesses and approximations, it can caricature itself, does not figure in many anthologies: it seems it is a “second tier song”, a cheap work for the vulgum pecus. The same goes for news rags, with their macabre xylographs for support, with their street singers in front of their "crime scenes". Need one neglect such songs for all that, given that they aroused the enthusiasm of the ordinary people, as much those of Paris as of the provinces? Previous work on this topic deserves to be completed and nuanced through the study of provincial producers and publishers of criminal laments and songs, based on sources from the press, the peddlers’ guilds and regulation authorities, the legal deposit, and a multitude of unpublished songs, which enable us to bring light upon the conditions leading to the publication of this modest sung literature, its circulation, and its reception by popular audiences.