ROMANTISME N°204 (2/2024)
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Dès le début de la publication de romans en épisodes dans les journaux quotidiens en 1836, les critiques constatent que les romanciers du feuilleton tirent à la ligne en multipliant les dialogues, ce qui alimente l’idée d’un dévoiement industriel de la littérature par le journal. En s’appuyant sur des exemples tirés des romans-feuilletons publiés par Alexandre Dumas, Eugène Sue et Paul Féval, cet article analyse les causes de l’invasion du roman par le dialogue, dans le contexte spécifique de la production littéraire pour la presse périodique, soumise aux règles du calibrage et de l’écriture en collaboration. Fortement dialogué, le feuilleton produit un effet de dramatisation qui le met au diapason de l’actualité journalistique. Entretenant le désir de lire « la suite au prochain numéro », le dialogue contribue ainsi à faire entrer le roman dans l’ère des fictions sérielles.
As soon as French daily newspapers start publishing serialized novels in 1836, critics point out that the writers try to maximize their profit by inflating their dialogues, fueling the idea that literature published in the press had become an industrial product. Drawing on examples from novels published by Alexandre Dumas, Eugène Sue and Paul Féval, this paper goes to the roots of the invasion of serialized novels by dialogue by analyzing the specific context of a literary production submitted to calibration and collaborative writing. Thanks to the dramatization produced by their copious dialogues, serialized novels were in tune with the ubiquitous present of the news. Dialogues thus contributed to the “To be continued” effect, propelling the novel into the era of modern serial fictions.