Annales de Géographie n° 702-703 (2-3/2015)
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Les services d’immigration et de douane des États-Unis (ICE) sont à la tête du plus grand système d’enfermement national, fait peu anodin dans le pays détenteur du système carcéral le plus important au monde. Cet article analyse le système de rétention des étrangers des États-Unis comme un ensemble de stratégies spatiales à travers lesquelles l’État vise la gestion et la réorientation de la migration internationale. Si la rétention participe à la fois de l’enfermement, de la ségrégation, et de la catégorisation des corps des migrants, elle est aussi l’expression performative de l’État. En conséquence, elle a des effets qui dépassent l’expulsion. Cet article résumera en premier lieu la manière dont la rétention prend appui sur le système de justice pénale et contribue en même temps à son extension. Puis je m’appuierai sur mes recherches sur l’enfermement des non citoyens et les programmes de visite pour démontrer combien la rétention ne se réduit pas à l’immobilisation des corps dans l’espace, mais qu’elle relève d’un processus d’isolement, de criminalisation et de marginalisation. Je montre que la rétention ne peut être analysée et comprise seulement dans son lien à l’expulsion et qu’elle joue un rôle dans la production de la précarité des migrants et dans le
contrôle de l’immigration et des frontières.
The United States Bureau of Immigration and Customs Enforcement (ICE) operates the largest confinement system in the country, no small accomplishment in the world’s largest prison system. This article analyzes the US immigration detention system as a series of spatial strategies through which state officials seek to manage and redirect transboundary migration. I argue that while detention works to confine, segregate, and categorize migrant bodies, detention is also a performance of state power. As such, it produces effects beyond deportation. The article will first outline how immigration detention both relies upon and extends the US criminal justice system to open up spaces of arbitrary administrative discretion. I then draw on my research on noncitizen detention and visitation programs to demonstrate how detention is more than a fixing of bodies in space ; it is a process of isolation, criminalization, and marginalization. I argue that detention cannot be subsumed under or explained by deportation, and that it plays a key role in the production of migrant precarity in current US immigration and border control.