Langages n° 181 (1/2011)
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Le langage naturel des odeurs est souvent imprécis et profus. À ce titre, il constitue un défi pour l’étude des processus de catégorisation des stimuli olfactifs. Après un rappel de la théorie roschienne de la catégorisation, nous évaluons sa pertinence dans la manière dont la catégorisation des expériences sensibles est exprimée en langue. Si la catégorisation des couleurs s’accorde assez bien avec cette théorie, nos données ethnographiques ruinent l’idée selon laquelle les « catégories » olfactives sont ce qu’elles prétendent être : elles ne sont pas des catégories du point de vue de la théorie classique et encore moins du point de vue de la théorie des prototypes. Cependant, les stimuli olfactifs sont l’objet de jugements perceptifs qui permettent de construire des pseudo-prototypes, i.e. qui se donnent à voir dans le langage comme des prototypes alors qu’ils n’en sont pas du strict point de vue de leur traitement cognitif. Nous concluons par quelques considérations générales sur les causes possibles de ce « relâchement » catégoriel.
This paper attempts to reconstruct the combinatory evolution of the French noun odeur and its principal synonyms (senteur, parfum) since the XVIth century. Starting from their “combinatory profiles”, i.e. their stereotypical lexical and syntactic neighbourhoods in large corpora, we shed light on the question of how the linguistic community has used these words to construe the domain of scents from the Renaissance to the present day. This long-term historical perspective reveals gradual changes in the aspects of reality foregrounded by these nouns. Methodogically, it seems possible to examine the relationship between these piecemeal changes in distributional tendencies and the evolution of olfactory preferences in the French society over time. The extension of our method to German and Italian corpora shows that a contrastive study of scent perception in several European countries would be scientifically rewarding.