Langages n° 181 (1/2011)
Pour acheter ce numéro, contactez-nous
Recevez les numéros de l'année en cours et accédez à l'intégralité des articles en ligne.
Le propos de cet article est de reconstruire l’évolution depuis le XVIe siècle de la combinatoire du substantif français odeur et de ses principaux synonymes (senteur, parfum). À partir de leurs « profils combinatoires », c’est-à-dire de leurs voisinages lexicaux et syntaxiques stéréotypiques envisagés dans de vastes corpus, nous tentons de mettre en lumière la façon dont la communauté linguistique a utilisé ces termes, de la Renaissance à nos jours, pour structurer le domaine de l’olfaction. La perspective historique de long terme révèle les changements progressifs des aspects de la réalité rendus saillants par ces noms. D’un point de vue méthodologique, il semble possible de mettre en relation les changements observés de leur distribution avec l’évolution concomitante des préférences olfactives manifestées par la société française. L’application de cette méthode à des corpus allemands et italiens suggère qu’une étude contrastive de la perception olfactive dans plusieurs pays européens pourrait être d’un grand intérêt.
This paper attempts to reconstruct the combinatory evolution of the French noun odeur and its principal synonyms (senteur, parfum) since the XVIth century. Starting from their “combinatory profiles”, i.e. their stereotypical lexical and syntactic neighbourhoods in large corpora, we shed light on the question of how the linguistic community has used these words to construe the domain of scents from the Renaissance to the present day. This long-term historical perspective reveals gradual changes in the aspects of reality foregrounded by these nouns. Methodogically, it seems possible to examine the relationship between these piecemeal changes in distributional tendencies and the evolution of olfactory preferences in the French society over time. The extension of our method to German and Italian corpora shows that a contrastive study of scent perception in several European countries would be scientifically rewarding.