
Romantisme n° 157 (3/2012)
Numéro épuisé
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À partir du Voyage en Espagne de Théophile Gautier et de son recueil de poèmes España, il est question de rendre à la notion de couleur locale son histoire et la plénitude de son sens. Toute l’originalité de Gautier consiste à renouer avec le sens qu’avait cette notion en théorie de la peinture à l’âge classique : il s’agit, en rejouant la victoire des rubénistes sur les poussinistes du XVIIe siècle, de composer directement par la couleur ses descriptions qui le font rival du peintre, afin de leur assurer – en un nouveau paragone disjoint de l’ancien Ut pictura poesis – la « pittoresque » authenticité : en faisant en sorte de lier toutes les couleurs – la tonale, la réfléchie ou la locale proprement dite, et jusqu’à la lumière qui les abolit toutes – pour faire de sa page le vrai lieu (ou l’Ici) de l’Ailleurs qui le hante.
The idea is to restore the history and full meaning of the notion of “local colour” – “couleur locale” – with as a point of departure Théophile Gautier’s Voyage en Espagne and his volume of poetry España. Gautier’s originality lies in his re-establishing of the meaning the notion had in painting during the Classical age: the idea is to compose directly through colour the descriptions which make of him a rival of the painter, in a replay of the victory of the rubenistes over the poussinistes in their controversy. This in order to give these descriptions authentic “picturesque”, according to a new paragon detached from the old idea of Ut pictura poesis: Gautier, in managing to link all colours – tonal, reflexive and local proper, and even the light which abolishes them all – can transform his page into the true space (or the here and now) of the Elsewhere that haunts him.
