
Romantisme n° 157 (3/2012)
Numéro épuisé
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Les couleurs du drapeau français ont une histoire tissée d’anecdotes célèbres : le drapeau martial teint dans le sang du peuple (rouge, donc), le drapeau blanc fleurdelysé en 1815 qui signe la contrition morale imposée au pays par le retour des Bourbons, ou – en amont – la cocarde tricolore de 1789 épinglée au chapeau de Louis XVI le 17 juillet 1789 à l’Hotel-de-Ville et, plus tard, lorsqu’il part pour l’échafaud. Cependant il manque à ses couleurs d’avoir été pensées en relation critique avec les situations de paroles qui ont façonné ces anecdotes. En effet, penser la couleur quand il s’agit de forger un emblème moderne en faisant acte de souveraineté, c’est rendre inséparable, presque douloureusement, l’identité et sa représentation ou encore faire de la représentation un enjeu d’identité simultanément collectif et polémique.
The colours of the French flag have a history rich in famous anecdotes: the martial flag tinted with the bled of the people (red), the white flag carrying the fleur de lys in 1815 as a mark of the moral contrition imposed on the country with the return of the Bourbons, or, earlier, the 1789 tricolour rosette affixed to Louis the XVIth’s hat on the 17th of July 1789 or, later, when he left for the scaffold. But these colours have not been thought about in relation to the situations of enunciation that produced these anecdotes. Indeed, to think about colour when the issue is that of forging a modern emblem in an act of sovereignty is to render inseparable, almost painfully so, identity and its representation, or yet involves understanding representation as an issue of an identity both collective and polemical.

