
Le Français aujourd'hui nº208 (1/2020)
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Cet article vise à montrer les écarts entre discours et pratiques chez des enfants et adolescents mauriciens causés, selon moi, par les injonctions scolaires, familiales et sociales qui entretiennent des représentations diglossiques au sein de la société. Après une première socialisation en Kreol morisien (KM) pour la grande majorité des Mauriciens, l’entrée à l’école les oblige à adopter une nouvelle norme, celle du français. La famille se plie aussi souvent à cette injonction, entrainant, chez les enfants, des contradictions dans leurs comportements face aux langues en présence. On remarque en effet que,malgré les représentations diglossiques persistantes, le KM trouve sa place dans le répertoire langagier de ces enfants qui l’utilisent quand même parfois à l’école. Au secondaire, lorsque les réseaux des jeunes s’élargissent, le KM prend une place plus importante dans les pratiques de ces jeunes et pourrait traduire une opposition face aux injonctions scolaires, familiales et sociales. L’étude se fonde ici sur deux enquêtes menées en 2013 et 2014, peu de temps après l’introduction du kM au primaire, effective depuis 2012.